Pourquoi ce blog sur le vélo ?
L'objectif fixé de faire 7000m dans la journée s'est concrétisé le 27 juillet 2010.
J’ai construit progressivement une
pratique cycliste particulière et solitaire et je pense avoir acquis ainsi une
expérience à partager. J’ai un goût prononcé pour les longues et multiples
ascensions solitaires. L’an dernier 6500 mètres de dénivelé dans la journée
dans les Pyrénées, j’en parlerai dans un autre article. Je projetai pour cette
année, là maintenant en ce début juillet, 7000 mètres dans la journée :
départ de Luz Saint-Sauveur jusqu’à Luchon pour monter à Super-Bagnère puis
retour, soit Tourmalet, Aspin, Peyresourde des 2 côtés plus les 1200 mètres de
dénivelé pour la station de ski. Mais vu les conditions météo…je crains de
devoir remettre ce projet à l‘année prochaine…en août les journées seront trop
courtes pour une telle entreprise.
Je voulais ouvrir ce blog à mon
retour après cette expérience. Le Tour de France approche et l’occasion de
parler vélo, dopage , entraînement, alimentation…va se présenter tous les
jours et puisque le temps dans mon Poitou natal et de résidence ne se prête
guère aux longues sorties cyclistes, j’ai décidé de franchir le pas.
Bientôt le Tour, on va parler vélo, dopage…
Ce matin sur une radio un auditeur
parle du Tour, de l’inévitable dopage et des non moins inévitables lieux
communs sur les efforts cyclistes en montagne : sans dopage comment
voulez-vous monter un col, à fortiori plusieurs et recommencer les jours
suivants ! Heureusement il est lui-même cycliste, a fait plusieurs fois
l’étape du Tour pour les 7500 premiers inscrits qui inondent la route d’une
étape du Tour pendant une journée de repos des coureurs. Cette année elle se
déroulera dans les Pyrénées. Alors notre auditeur explique qu’il n’est
nullement nécessaire de se doper pour faire une étape de montagne du Tour. Bien
sûr ! Mais pas à la même allure et tout le problème du dopage est là et
non pas comme on l’entend trop souvent en raison de la longueur, de la
difficulté et de la répétition des étapes. Puis il dira que sans le dopage les
coureurs rouleraient trop lentement et que les spectateurs déserteraient les routes
de montagne. Mais là je ne suis pas du tout d’accord et persuadé du contraire.
Voici pourquoi.
1967 : Le Tour des amphétamines
En 1967 je débutais en vélo et
étais allé voir passer le Tour au sommet du Galibier. Il se disputait par
équipes nationales et Poulidor, grandissime favori, s’était fait piéger dans
les premières étapes et était devenu l’équipier de luxe de Pingeon qui portait
le maillot jaune. Il est attaqué par Gimondi qui le devance de plusieurs
minutes au sommet du Galibier. Pingeon passera livide, remorqué par Poupou tout
souriant et qui semble à l’entraînement. Ce sera le seul coureur ayant un
visage détendu au sommet de ce col légendaire. Tous les autres ont des
visages presque effrayants. Je
suis impressionné par la vitesse des coureurs, y compris les derniers, qui passent
par petits groupes avec de véritables masques à la place du visage. C’est le
Tour des amphétamines. Cela n’échappera pas aux organisateurs et aux
responsables des milieux cyclistes. Après ce Tour la chasse aux amphétamines
sera lancée, des mesures draconiennes sont prises.
1968 : Un Tour sans dopage ?
Un an plus tard le Tour 1968 se déroulera sans dopage apparent, peut-être le seul Tour moderne sans dopage. Je suis dans le Tourmalet pour le passage du Tour. Malgré le vent très fortement favorable les coureurs montent beaucoup plus lentement. Anquetil, qui est suiveur, dénoncera les mesures prises et qui font que les coureurs ne montent plus le Tourmalet qu’à 15 à l’heure. Mais les visages sont sympathiques, les coureurs regardent la foule alors que dans le Galibier j’avais vu passer des zombies.
Je suis à 1 kilomètre du sommet
avec quelques cyclistes dont un pro avec lesquels j’avais partagé les derniers
kilomètres de montée. Le dernier coureur arrive : c’est Stablinski le
fidèle équipier d’Anquetil. Il monte lentement, suivi par la voiture balai.
Rien à voir avec 1967 dans le Galibier mais le spectacle est bien meilleur et
le partage du public avec les coureurs est beaucoup plus réel et humain. Dans le Galibier j’avais l’impression
qu’une cloison étanche séparait les coureurs des spectateurs, sauf avec Poupou,
le seul qui communiquait par son sourire avec le public. Je comprenais ainsi sa
popularité.
Une fois la voiture balai passée
le pro nous invite à enfourcher nos vélos et à suivre avant que la foule
n’envahisse la route. Nous suivons tous sans peine jusqu’au sommet alors que
j’aurais été bien incapable de suivre le dernier dans le Galibier. Je vais
ainsi faire toute la descente jusqu’à Bagnère de Bigorre sur une route encore
fermée à la circulation. Une occasion unique ! Je descends pourtant
beaucoup moins vite que les coureurs mais l’un d’entre eux a chuté et la
gendarmerie attend le passage de l’ambulance pour ouvrir la route.
Tout cela pour dire que le Tour
n’a rien à craindre pour sa popularité s’il parvenait à mettre fin au dopage,
bien au contraire. En transformant les coureurs en martiens le dopage a
déshumanisé le Tour. Il peut rouler
moins vite sans crainte pour sa réputation et sa fréquentation, bien au
contraire.
Un sport par contre qui a beaucoup
à redouter de la fin du dopage, si cela arrivait, est le football, car des matchs trop lents deviennent
rapidement insipides alors qu’un coureur montant le Tourmalet à moins de 20 à l’heure
avec le sourire c’est parfait.