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Mon premier 7000 en vélo
30 décembre 2007

La redoutable descente du col du Fémur !

Fracture du Col du Fémur : Voir le récapitulatif des articles et de leurs sommaires


Après les cols pyrénéens comme celui du Tourmalet, un nouveau col à gravir vient de se présenter à moi, celui du Fémur ! A l’inverse des autres cols il commence par une terrible descente, brève et ultra rapide, qui s’achève au lieu dit La Fracture. C’est un lieu très bien équipé, doté en particulier d’un hôtel avec service permanent, l’hôtel de La Fracture. On y est nourri, logé, avec service de nuit assuré par de charmantes hôtesses s’occupant de vous nuit et jour. Après un séjour plus ou moins long dans ce lieu paradisiaque, il deviendra alors possible de s’engager dans la très longue et très dure remontée vers le sommet. Voici le premier épisode de cette nouvelle aventure.

La descente infernale

Au lieu dit "La Fracture"

La cabriole du pompier

Les Urgences…

 

La descente infernale

C’était le lundi 24 décembre 2007, veille de Noël. Si la matinée fut froide et gelée, le soleil est là et l’après-midi s’annonce magnifique en cette journée d’hiver. Une séance vélo s’impose : 1500 m de dénivelé en montant 16 fois la même côte à 11% de moyenne avec 2 virages à plus de 15%. A 14h30 je suis déjà parti, chaudement vêtu. La route est sèche, je me sens bien. Cette côte est précédée d’une descente de 50m de dénivelé vers une rivière. Elle est en forte pente. Le haut est sec, puis j’aperçois des traces humides et sur le pont là-bas un homme qui regarde la rivière et le paysage qui semble tout blanc. Je ralentis, moins de 20 à l’heure sans doute et soudain, juste devant moi, je découvre la route gelée. Impossible de s’arrêter, le dérapage est inévitable. Je suis au sol instantanément, côté gauche. J’entends un bruit et je ressens une intense douleur. Mais la route est de plus en plus gelée et m’entraîne dans une glissade rapide. Le témoin de la scène, qui m’a vu tomber, dira que j’ai glissé très longtemps avant de m’arrêter. En effet, je suis presque au pont. Je ne suis pas encore retourné sur les lieux mais si je dis que j’ai glissé pendant au moins 50 mètres il ne faudra pas forcément en conclure que je serais de Marseille... Je m’immobilise enfin, quand la pente se fait moins raide.

Note : aujourd'hui, printemps 2010, les arbres qui faisaient de l'ombre ont été coupés. Sans doute que le long hiver froid y est pour quelque chose !

 

Au lieu dit "La Fracture"

Je ne le sais pas encore mais je viens d’arriver au pied de la descente du col du Fémur, au lieu dit La Fracture. Il n’y avait pas de pancarte sur la route…Les conditions sont hivernales, tout est blanc et gelé alors que tout était sec à 100 mètres. Les habitants d’une maison isolée en ce lieu diront que c’était le seul endroit ainsi ce jour là. A 70 mètres d’altitude ce sont des conditions de haute montagne, comme il sied pour un grand col. Oui, c’est un très grand col dont la remontée demandera des mois de pénibles efforts.

Je suis au milieu de la route, couché sur le côté gauche, jambes repliées. J’ai atrocement mal et ne peux me déplacer. L’homme, jeune, est déjà là et me demande si ça va. Je réponds que oui, ce qui n’est pas une réponse de formalité car la tête est lucide et le cou n’a encaissé aucun coup de fouet, l’essentiel est sauf. J’ai été projeté tellement rapidement au sol, en glissade latérale, que le tronc n’a presque pas bougé par rapport à la verticale. Je pense qu’il était au moins à 45° quand je suis arrivé au sol. Je lui demande aussitôt de me protéger des voitures car je suis en position très dangereuse de ce point de vue et pas uniquement parce que je suis au milieu de la route car c’est en ligne droite, mais parce que la glissade n’est pas réservée qu’aux vélos. Justement, une voiture se présente dans la descente. Elle pourrait partir aussi en dérapage sans pouvoir m’éviter. Il agite aussitôt vigoureusement les bras. Il est fort possible que je doive beaucoup à la présence de cet homme à ce moment là. Il est là parce qu’une voiture, juste après le pont, avait jugé opportun d’aller faire un tour dans les champs !

Pour tenter d’améliorer ma sécurité routière cet homme m’aidera à me déplacer en me glissant jusqu’à l’herbe couverte de givre. S’il fallait mettre ma jambe dans la glace pour éviter l’inflammation, je suis servi ! Les voitures s’arrêtent, certaines ont bien du mal à monter la côte. Les portables sortent, je donne le n° de la maison. Je pense encore, sans trop y croire, que je vais pouvoir y retourner. Une femme me propose de boire à mon bidon ; je refuse car je sais qu’en cas d’opération il vaut mieux avoir l’estomac vide. Je parviens à me mettre sur les genoux mais ne peux aller plus loin. Il y a une maison isolée, à 100 m. Les occupants m’apportent une couverture et un oreiller et prendront mon vélo en charge. J’ai autant de difficultés à me recoucher que j’en avais eu à me relever. Je suis maintenant couché sur la droite. On me demande si je veux appeler les pompiers. Je n’ai guère d’autres choix. Si je ne connais pas ces personnes, eux me connaissent car ils l’ont croisé et doublé souvent ce cycliste qui fait d’interminables va et vient dans la côte qui suit. En août j’y avais fait 5000m de dénivelé en une journée en la montant 56 fois. J’étais sur le point de réaliser 1500 m de dénivelé de moyenne sur les 365 jours de l’année 2007, soit 547500 m dans l’année, il ne manquait plus que 3600m. Ils manqueront longtemps !

 

La cabriole du pompier

J’entends l’arrivée du véhicule des pompiers. Puis un bruit de chute : c’est le chauffeur, pourtant jeune et bien chaussé, qui se retrouve au sol ! Les pompiers s’étonnent que la commune qui gère cette route n’ait rien fait. Ils me posent les questions classiques auxquelles je m’attends et qui visent à savoir si le système nerveux a été touché : les orteils bougent, la tête est bien sur les épaules…Pas de problèmes de ce côté, c’est déjà ça ! Le même choc sur la tête et c’était une autre affaire ! Les gendarmes, prévenus par les pompiers, arrivent aussi. L’attroupement, les véhicules qui peuvent déraper et mon évacuation justifiaient leur présence. "Mais je vous connais me dit l’un d’eux, moi aussi je fais du vélo, un jour j’étais pas loin derrière vous." Des paroles sympas qui remontent le moral, je ne suis pas en milieu hostile. Les pompiers parviennent à me charger sur une coque sans me faire mal, bravo ! Après une assez longue attente dans le véhicule, nous voilà parti pour un centre hospitalier distant de 35 kilomètres. Pendant le transport ils me mettent sur la tête un casque minerve alors que je n’en ai nul besoin. Il y a pu avoir un coup de fouet du cou au cours de la chute et on se fait engueuler par les médecins si on ne le fait pas me dit un pompier.

 

Les Urgences…

Vers 15h45 j’arrive à ce qu’on appelle pudiquement les Urgences. On m’installe dans une salle où je suis seul, porte ouverte. L’infirmière me reposera les mêmes questions puis m’installe une perf sucrée salée. Le médecin va passer me dit-elle. Il passera, mais plus de 3 heures plus tard… Je souffre sur le lit, couché sur le côté droit alors que j’étais tombé sur le gauche, mais c’est moi qui ait changé tout seul, sur le bord de la route.

A la longue, le casque-minerve me gêne de plus en plus. Je sais qu’il ne sert à rien, je le dit à l’infirmière quand elle passe pour me faire patienter. Elle en convient mais me répond qu’elle ne peut pas prendre l’initiative de l’enlever. Enfin le médecin arrive, une interne. Presque aussitôt elle m’enlève la minerve en disant « vous êtes mal avec ça » et paraît se demander pourquoi on m’en a mis une. Je lui dit que c’est réglementaire. "Oui, c’est réglementaire " me dit-elle en soupirant. Elle ne semble pas approuver vraiment ces initiatives systématiques plus destinées à protéger le petit personnel qu’à aider le patient qui doit endurer pour éviter des prises de responsabilités qui font peur aux soignants non médecins. Elle voit que je suis très mal, assis sur le côté ; elle me fait basculer sur le dos en serrant la jambe gauche sur la droite au niveau du genou, la droite faisant office d’attelle. Je ne ressentirai aucune souffrance nouvelle. Bravo, mais j’aurai aimé être ainsi plus tôt car je suis beaucoup mieux. Ni les pompiers ni l’infirmière n’auraient osé prendre cette responsabilité. Elle m’envoie passer des radios et reviendra pour les lire.

Au retour de mon interview à la radio une partie de ma famille est là, ce qui fait du bien au moral. Une nouvelle attente commence. Je me sens mieux et parviens à m’asseoir. J’en ferai plus si j’étais sûr qu’il n’y avait pas de fracture. J’en arrive à en persuader ma famille. Je veux croire que ce sont des muscles trop brutalement étirés dans la chute qui me font souffrir. Après 19h30, plus de 5 heures après la chute, près de 4 heures après mon arrivée aux urgences, le verdict tombe : fracture non déplacée du col du fémur, dans le massif des trachenters. Logique qu’il y ait un col dans cette région ! Quand je donne mon temps d’attente à l’interne elle est effarée. Heureusement qu’il n’y avait pas de paralysie ou autre coup sur la tête !

Il ne me reste plus qu’à aller m’installer pour quelques temps à l’hôtel de La Fracture. Le grand col du Fémur est en effet très bien équipé au bas de la descente : hôtel-restaurant avec service à toute heure où de charmantes hôtesses s’occupent de vous nuit et jour. Le paradis !

La suite sera racontée dans "Noël à l’hôtel de La Fracture".

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Commentaires
B
Je viens donc de découvrir le site de David Moncoutié ainsi que sa mésaventure du 5/05/07 au Tour de Romandie où il se casse le col du fémur gauche (http://moncout.blogspot.com/).<br /> <br /> J'y ai constaté qu'il est parti en Australie pour y disputer un Tour et qu'il envisage de disputer le Tour de France. Cela me donne donc beaucoup d'espoir <br /> Merci donc à vous pour ces mots d'encouragements. Il en faut dans ces moments toujours difficiles !<br /> Bernard
E
Je viens de voir votre commentaire sur le blog de David (Moncoutié). David commence sa saison 2008, plus motivé que jamais avec le Tour Down Under en Australie le 20 janvier (à suivre sur le blog). <br /> Je vous souhaite un prompt retablissement en espérant que notre blog vous apporte un peu de réconfort.<br /> Meilleurs voeux pour cette nouvelle année.
L
meilleurs voeux pour 2008 : un p'tit clique -> http://ma-bullebleue.miniville.fr/sec merci @++
Mon premier 7000 en vélo
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