Fracture du Col du Fémur : Voir le récapitulatif des articles et de leurs sommaires

Il semble que beaucoup de fracturés du col du fémur viennent sur cette page. Certains ont laissés leurs témoignages. Cette grave fracture marque le début d'une période bien difficile à vivre Mais je voudrais leur dire, vous dire, ne ne pas perdre courage. Trente et un mois après cette fracture, 15 mois après l'ablation du matériel, j'ai pu réaliser, à 66 ans, ce qui était le titre de ce blog : "Mon premier 7000 en vélo". Ce n'est pas un exploit, simplement une expérience que j'ai décrite sur ce blog.

Courage à tous ! Et prudence pendant la rééducation...

Sommaire

Apparition de douleurs annexes

Parmi les étirements possibles

Au sol pour des prosternations !

Diamant en feuille pliée

De la chandelle à la charrue

Quand la jambe valide se dérobe !

Réveiller le quadriceps

45 jours : visite de contrôle

Gérer les excès

Une semaine de tests « utilitaires »

Programme du prochain mois

Annexe : Sur l’importance cachée de la souplesse du rachis

On pédale avec son cœur

Pégase, le cheval ailé

Au cours du premier mois j’étais entièrement focalisé sur les conséquences immédiates de la fracture et de l’opération, sacrifiant le reste du corps pour assurer l’essentiel. Mais dès le début du second mois des douleurs annexes générées par des positions déséquilibrées vont me contraindre à me concentrer sur le reste du corps, surtout son assouplissement et finalement m’aider à reprendre possession de mon corps et de l’espace.

Un moment très attendu : 45 jours après fracture, radio de contrôle visionnée par le chirurgien.

Apparition de douleurs annexes

Après 5 semaines une réalité s’impose : marcher avec deux puis une béquilles trop courtes, porter le poids du corps surtout sur la jambe droite, s’asseoir et se coucher dans des positions dissymétriques, engendrent des contractures se manifestant par des douleurs annexes sans doute inévitables dans un telle situation. De ce point de vue je ne suis nullement convaincu que de chercher à marcher le plus possible sans appui serait préférable, comme le disait un jeune kiné, incitant ma femme à me surveiller pour que j’évite de m’appuyer sur les meubles et de prendre une béquille. En marchant sans aucun appui je suis pratiquement obligé de claudiquer, de déformer le mouvement ce qui est aussi source de désagréments. La claudication est sans doute liée au fait que le muscle situé sur la face externe de la cuisse ne s’étire pas normalement en raison de l’incision mais aussi à une faiblesse au niveau du fessier. Il y a là un gros travail à faire.

Mais faut-il se contenter d’agir sur la région blessée ? Au début on ne pense qu’à ça et l’objectif assigné aux kinés est la seule récupération des muscles de la cuisse charcutée par l’opération. Il ne faut pas trop compter sur eux pour faire réaliser au blessé que tout le reste du corps est aussi perturbé par cette affaire et va être affecté par une rééducation totalement ciblée, dissymétrique et la plupart du temps en force, mais mon corps commence à me le rappeler. C’est là où les exercices que j’ai pu apprendre en yoga vont m’être très utiles. Je n’ai jamais suivi de cours de yoga mais, après avoir travaillé avec des ouvrages, j’ai eu le privilège de participer à 2 stages de 3 et 5 jours par un grand maître indien du yoga Sri Tiwari et pour à nouveau 5 jours en juillet. Dans l’état où je suis maintenant il faut accorder une bonne place aux étirements sur l’ensemble du corps pour l’assouplir et le rééquilibrer.

Parmi les étirements possibles

Il faut choisir bien sûr les étirements les plus simples et compatibles avec mon état actuel.

D’abord le cou

Assis sur une chaise, je fais une rotation très lente du cou de gauche à droite et de droite à gauche, les yeux fermés. Progressivement je force à chaque tour un peu plus vers l’arrière. Pendant les rotations il est important de maintenir le cou verticale en évitant de le casser en arrière. Au bout d’un moment j’ai l’impression que le cou est devenu comme un balancier : il oscille de lui-même et il faut faire un effort pour arrêter les oscillations. Pour ressentir cela il vaut mieux fermer les yeux sinon le regard pourra se fixer sur des objets et rendre la rotation plus saccadée. Cela permet aussi de mieux se concentrer sur le mouvement. Avant de commencer on peut aussi fermer les yeux et observer quelques instants les mouvements spontanés du cou pour avoir un élément de comparaison, avant et après l’exercice.

Un autre exercice qui n’est pas issu du yoga est intéressant pour le cou : le principe est d’exercer une pression continue sur le cou qui doit résister, l’inspiration étant bloquée. Il y a 4 zones de pression : le front, l’arrière de la tête, les côtés gauche et droit. Donc, le cou étant maintenu vertical, on peut commencer par une pression continue sur l’arrière de la tête avec les 2 mains, l’une poing fermé et l’autre enserrant ce poing, toujours en inspiration bloquée. Le cou résiste en restant immobile. Recommencer par exemple 3 fois en augmentant la pression. Yeux fermés observer l’effet produit qui pourrait être une oscillation spontanée du cou où la phase active va vers l’arrière. Après avoir exercé une pression d’arrière en avant il est important d’équilibrer par le même nombre de pressions d’avant en arrière. Aussi, poursuivre en exerçant les pressions sur le front avec les 2 poings superposés. Puis yeux fermés essayer de ressentir la respiration du cou dans l’axe antérieur-postérieur.

On peut procéder de même dans l’axe latéral droite-gauche en exerçant les pressions avec la paume d’une seule main au dessus de l’oreille, inspiration bloquée avec le cou qui résiste. Il est essentiel de soumettre les 2 côtés aux mêmes exercices, règle générale qui n’est pas observée dans les exercices de rééducation qu’on m’a proposé. Ce n’est pas une critique, il faut seulement le savoir et compenser par soi-même. Il ne faut pas tout attendre de la société.

Après cette série d’exercices, yeux fermés, observer à nouveaux les mouvements spontanés du cou et essayer de comparer avec le ressenti initial. Ces exercices renforcent la musculature qui maintient le cou. Ils peuvent aussi avoir un effet plus subtil : chacun sait que le stress, les émotions fortes, créent des tensions au niveau du cou. Elles peuvent laisser des traces durables s’exprimant par des tensions permanentes des tendons et des muscles. En travaillant régulièrement sur ces tensions on peut agir au delà de ces seules tensions musculaires car il y a connexion entre les zones cérébrales concernées par ces émotions et ces muscles.

Épaules et haut du dos

Pour cela, assis sur une chaise ou debout, lever simultanément les 2 bras au dessus de la tête, paumes jointes vers le ciel ; puis croiser les doigts et retourner les paumes vers le haut, pouces vers le ciel, ce qui accroît beaucoup l’étirement. Si possible rester ainsi à peu près une minute mesurée en comptant une quinzaine de respirations.

Un autre exercice, bras droit derrière le dos, passer le bras gauche derrière l’épaule pour essayer d’accrocher les doigts des 2 mains, puis, si possible, déplacer le bras gauche derrière la tête. Les tractions sur les bras permettent alors de redresser la colonne. C’est redevenu un peu difficile pour moi mais en insistant j’y parviens et je garde progressivement la position une minute. Quand on ne peut joindre les 2 mains on peut utiliser un mouchoir pour établir la jonction, ce qui permet de tirer. Idem en échangeant les rôles des bras. C’est la posture de la tête de vache en yoga. En allant sur des sites de yoga vous pourrez trouver des descriptifs plus précis, voir des photos.

Torsions de la colonne

J’estime devoir me montrer prudent avec les torsions de la colonne car elles pourraient déclencher des tractions sur l’axe du col du fémur. Néanmoins, assis sur une chaise, je fais pivoter le tronc vers la droite, bras droit tendu vers le bas à 45°. Je ne force pas sur la rotation. Puis de même à gauche.

Au sol pour des prosternations !

Depuis la chute, cela fait juste 5 semaines, le sol me paraissait très lointain, aussi inaccessible que redouté en cas de perte d’équilibre mais je veux maintenant essayer de m’y installer car je pense que c’est devenu possible même si cela ne me paraît pas simple. Je vais y parvenir, ce qui sera un événement psychologique important pour la reconquête du corps et de l’espace ainsi que pour la sécurité en cas de chute, en offrant la possibilité d’une réaction adaptée.

Savoir tomber a pu me protéger d’un grave accident quand j’étais au collège. A cette époque je me jetais très souvent en avant, même sur des surfaces dures, amortissant la chute avec les bras en flexion puis par l’arrondi du thorax. Je ne me faisais aucun mal et je maîtrisais bien la technique. En classe de seconde, alors que je disputais un match de handball et que je filais au but sans opposition à la suite d’une interception, j’ai été fauché par derrière, en pleine course. Je suis parti en avant, en vol plané mais j’ai pu amortir le choc qui pouvait être redoutable sur une surface relativement dure grâce à la technique acquise et constamment entretenue. Après une glissade de plusieurs mètres sur la surface sablée, j’en ai été quitte pour quelques écorchures et une belle frayeur partagée par les spectateurs. Si l’arbitre, un professeur d’éducation physique, à accordé un coup franc, il n’a même pas réprimandé le joueur responsable d’une telle agression, il n’est pas venu voir comment j’allais alors que je grimaçais avec le maillot couvert de sable et le thorax irrité et, après un moment, m’a seulement demandé, de loin, si j’étais prêt à reprendre le match…Depuis la touche le prof du joueur lui a crié qu’il le sortirait s’il recommençait. C’était le minimum…Les mœurs étaient rudes dans ce temps là !

Pour aller au sol je dois donc trouver une méthode adaptée à mon cas. Le plongeon avec amorti bras-poitrine ne fait plus parti de ma panoplie depuis longtemps et serait de toute façon à éviter ici ! Je n’avais jamais étudié auparavant comment je passais usuellement de la position debout à une position au sol mais là je dois y réfléchir… Je vais commencer en m’agenouillant sur un tapis ou coussin : au premier essai je prendrai appui côté valide sur une table basse et au second je poserai directement les mains au sol ; dans les 2 cas le pied droit (valide) est nettement en avant et c’est sur la jambe valide que je m’appuie en la pliant à l’équerre pour amener le genou gauche au sol. Je peux alors placer les 2 genoux au sol puis faire une sorte de prosternation, les bras s’allongeant en avant jusqu’à toucher le sol ainsi que le front. Je peux alors plier à volonté, ou plutôt selon possibilité, les cuisses en arrière. L’idéal serait d’amener les fesses sur les talons mais c’est encore très difficile. La région charcutée par l’opération résiste très fort ! Mais je pense que maintenant je peux tirer dessus. Je constate que cet exercice permet à la fois d’étirer les épaules, le dos, le rachis et le muscle latéral externe des cuisses, celui qui a été charcuté. Alors progressivement et à plusieurs reprises je vais insister en ce sens sans jamais aller de suite trop loin et en maintenant un peu la position acquise.

J’essaie aussi de m’asseoir sur les talons avec le buste vertical (posture du diamant en yoga) mais je constate que cette posture, qui m’était facile, est devenu présentement impossible. Je n’insiste pas. Plus tard j’intercalerai un coussin entre fesses et talons ce qui me permettra d’appuyer de tout mon poids pour exercer une forte traction d’élongation sur le muscle externe de la cuisse. Voilà un exercice dont je pressens qu’il va m’être très utile. Il prolonge et amplifie l’exercice en flexion arrière à l’espalier chez le kiné. Plus tard, 52 jours après l’opération, je parviendrai à mettre les fesses sur les talons tout en gardant le buste droit. Mais ce n’est pas le bout du monde : la posture du diamant se prolonge en diamant couché quand, pieds écartés, le bassin descend jusqu’au sol et le tronc s’incline en arrière jusqu’à toucher le sol avec l’arrière de la tête ; on peut même en rajouter encore en plaçant les mains derrière la tête. J’y parvenais mais je ne sais pas quand je pourrais refaire cela…Ce matin les rues sont partiellement gelées, raison impérative pour moi de ne pas aller m’y promener. Je vais remplacer la marche par des étirements. Pour le chirurgien la marche est le fondement de la récupération, ce qui était certainement vrai au début car rien d’autre n’était possible mais maintenant elle ne peut plus me faire progresser rapidement. Chez le kiné je fais surtout des exercices en force avec des poids. Le seul étirement proposer avec l’espalier était de poser le pied sur une chaise et de simuler le laçage des chaussures en s’inclinant.

Diamant en feuille pliée

L’après-midi je montre la prosternation au kiné qui se prosterne à son tour pour juger de l’exercice qu’il trouve excellent, on se croirait dans une mosquée ! C’est vrai que c’est un excellent exercice que les musulmans pratiquent 5 fois par jour. Ils font là une remarquable gymnastique sous couvert de pratique religieuse. Pendant la guerre du Golfe de 1990 Saddam Hussein s’était soudain promu chef religieux et se faisait filmer en train de se prosterner…Visiblement l’exercice lui était inhabituel car il se montrait d’une très grande raideur ! Par contre, j’avais été fortement impressionné par la souplesse des dirigeants chiites qui pratiquaient certainement très régulièrement de telles prosternations.

Cette attitude porte en yoga le nom de posture du diamant en feuille pliée. Certains la propose bras le long du corps, d’autres bras en avant, ce que j’ai fait au début car cela me permettait de reporter une partie du poids du corps sur les bras et le sol et non en traction douloureuse sur la cuisse par une flexion arrière plus prononcée. Les 2 variantes demandent en principe d’avoir les fesses sur les talons, ce qui m’est présentement impossible, alors je bascule une partie du poids en avant.

Selon le Dr Jacquemart, ancien vice président de la société de médecine de Paris, cette posture qu’il présente dans son ouvrage* (page 179) bras en avant est médicalement parlant une des plus intéressantes :

- Elle s’oppose aux troubles et déformations de la colonne vertébrale (préventif et curatif sauf cas trop marqués)

- Décontracte dos et épaules, s’opposant aux douleurs produites par des contractures prolongées

- Action favorable sur le système nerveux : augmentation de la qualité de réponse au stress de la vie quotidienne et effet calmant dès que le front est au sol

- Stimule la circulation et favorise l’élimination des toxines.

·*Le Yoga thérapeutique – chez Vigot -1999

Ayant trouvé une magnifique démonstration d'un très difficile exercice de yoga connu sous le nom de Nauli, mais qui est finalement aussi la danse du ventre, j'en donne le lien. L'exercice consiste à donner un mouvement rotatif aux grands droits, les 2 muscles qui forment les tablettes de chocolat. C'est sur un clip naturiste et la démonstration ne dure que quelques secondes, au début, après 20 secondes. C'est vraiment remarquable et ... très difficile à faire !

De la chandelle à la charrue

J’essaie dans la foulée de m’asseoir au sol, jambes tendues. Pour cela j’inverse la position de départ en plaçant la jambe droite valide en arrière. Je fléchis alors sur elle tout en allant chercher le sol avec les mains, surtout la droite pour prendre rapidement appui. Pour me relever je commencerai par me retourner pour être sur les genoux. Assis au sol, jambes allongées je suis en position pour tenter la posture de yoga dite de la pince assise qui consiste dans un premier temps à saisir les pieds avec les mains puis à amener la tête vers les genoux.. C’est devenu beaucoup plus difficile alors que 4 jours après l’opération j’avais pu enfiler mes chaussettes assis dans cette position sur mon lit d’hôpital. J’avais maintenu chaque jour et même la nuit la souplesse du rachis, du dos et des épaules grâce au portique. Il est temps de récupérer cette possibilité et je vais y travailler. Je m’appuie sur le rebord d’une cheminée et j’étire le dos en repoussant les fesses en arrière. Puis je m’appuie sur le haut d’une porte et, (sans lâcher les pieds !), j’étire le plus possible le dos et le rachis en évitant de casser le dos. Je retourne m’asseoir au sol et constate une amélioration.

Allongé sur le dos je peux aussi, sans crainte pour la fracture et sans solliciter les muscles charcutés de la cuisse, basculer en arrière sur les épaules pour lever les jambes dans la posture dite de la chandelle. Je poursuis la bascule arrière des jambes pour tenter la posture dite de la charrue où les pieds, jambes tendues, vont toucher le sol. Mais là c’est plus difficile car, comme pour la pince assise, les muscles situés sous la cuisse doivent pouvoir se détendre et il y a quelques résistances. Mais l’exercice offre une occasion de travailler cela. C’est d’ailleurs plus facile qu’avec la pince assise car la pesanteur facilite la descente des jambes. Disons que l’effort de volonté est moins grand.

Pour voir des photos de ces postures et le descriptif détaillé de leur mise en œuvre ainsi que leurs effets positifs et leurs contre-indication on peut consulter par exemple l’excellent site de la fédération francophone de yoga où ces postures sont décrites.

Pouvoir s’asseoir au sol va me permettre de reprendre un exercice très efficace pour étirer l’ensemble du dos. Avant ma chute je le faisais tous les matins. Assis au sol jambes tendues faire passer la jambe droite par dessus la gauche et placer le pied droit le plus près possible de la hanche gauche. Enserrer la jambe droite par le bras gauche pour saisir la cuisse avec la main et presser la jambe droite contre le buste ce qui a pour effet d’étirer la partie inférieure droite du dos. Puis placer la main gauche derrière la tête pour la faire plier vers l’avant tout en exerçant une résistance au niveau du cou, ce qui provoque un étirement de la colonne. J’évite de le faire avec la jambe gauche pour ne pas la croiser.

Quand la jambe valide se dérobe !

En m’appuyant sur la jambe droite valide pour me relever je vais avoir une grosse frayeur : en effet je ressens dans le mollet une douleur très vive qui m’oblige à interrompre la manœuvre et à retourner au sol. Si la jambe qui porte tout m’abandonne, je suis fichu !!! C’est justement parce qu’elle porte tout que le mollet souffre d’une grosse contracture. Je suis très inquiet mais vais malgré tout réussir à me relever en manœuvrant très doucement et en m’aidant surtout avec les bras en appui sur une table basse. Je ne rigole pas du tout de la situation mais elle va me permettre de faire une découverte intéressante. Une fois debout ça passe, mais je marche très prudemment car si la douleur au mollet se manifestait je ne sais pas si je pourrais rester debout. Je tente un massage au vibreur et avec de la crème à l’arnica. Si ça va mieux, un nouvel essai au sol quelques heures plus tard montrera que la contracture est toujours là.

Debout, je tente alors d’étirer le muscle en appuyant le pied incliné vers le haut à au moins 45° contre un obstacle (mur, pied de table, montant de porte…) et en avançant le genou. L’idéal a été un rebord de cheminée car je disposais d’un appui pour les mains et d’un vide pour avancer à fond le genou. Et ça marche ! Plus le pied est fortement incliné et plus c’est efficace. Après avoir pratiqué cette extension un long moment je constaterai que la contracture s’est envolée ! Je fais le même exercice sur l’autre jambe et me promet de le faire désormais tous les jours car cette extension paraît vraiment bénéfique et c’est tout simple. Qui disait qu’on apprend beaucoup plus dans la souffrance et la limitation que dans le plaisir et l’abondance ?

J’attribue aussi cette contracture à l’effort de freinage que le mollet droit doit faire dans les très fortes descentes que j’effectue plusieurs fois par jour à pied. Aussi je vais beaucoup réduire cet exercice. C’était les montées qui m’intéressaient, mais pour monter il faut descendre...Décidément, je ne suis pas fait pour les descentes ! Quand je pense que dans les côtes les cyclistes peuvent parfois entendre cette remarque particulièrement fine : « ça va mieux dans l’autre sens !!! » Pas si sûr …

Réveiller le quadriceps

Juste 5 semaines après la chute j’ai mon avant dernière séance chez le kiné et je commence à m’ennuyer. J’ai réalisé qu’il fallait maintenant mobiliser davantage la musculature de la jambe et je cherche un moyen car je suis seul avec les appareils. J’avise finalement la machine à pédaler que je vais actionner du seul pied gauche, contrairement aux premières fois où seule la droite appuyait mais les temps changent. En politique on appelle ça l’alternance ! Il y a un volant d’inertie qui rend le démarrage difficile mais c’est ce que je recherche. Je fais à peine un tour de pédale puis j’attends que le volant d’inertie s’arrête pour recommencer avec une poussée maximale. Je vais faire cela assez longtemps en plusieurs séquences. C’est dur et un peu limite mais ce sera efficace car en quittant la salle je ressens plus de force dans la cuisse. Le lendemain je vais réussir à monter un escalier en avançant la jambe blessée en premier avec pour seul appui la rampe. Il y a 24 heures je ne pouvais pas pousser suffisamment sur la jambe gauche pour passer une marche, maintenant, grâce à cet exercice, c’est possible. En réalité les muscles n’ont pas beaucoup fondus mais ils ne se mobilisaient plus et restaient flasques quand je les sollicitais. Je constate qu’il en faut beaucoup moins que je ne le craignais pour les faire revivre. Si j’avais un appareil de muscu à la maison permettant de pousser avec la jambe ça pourrait aller plus vite, (ou trop vite !). À défaut je pousse en montant et descendant une marche et je recommence mais la poussée n’est pas assez prolongée.

Un cycliste accidenté se dit très satisfait par l’électrostimulation :

« Pour la re-musculation des quadri et autres groupes musculaires, le recours à l'électrostimulation est plus qu'efficace. Ayant eu un accident de VTT assez grave, j'ai fait ce que l'on m'avait conseillé, et la machine est repartie comme en 40....avec des watts et tout. À tel point que j'intègre les séances de renfort musculaire dans ma pratique, pour avoir justement DES WATTS !!! »

Je n’ai pas un tel appareil et hésite à en acheter mais je sollicite plus ou moins régulièrement les muscles de la cuisses et les fessiers en cherchant à les bander. C’est efficace mais demande de la volonté et de la constance.

45 jours : visite de contrôle

La visite de contrôle par le chirurgien a été programmée 45 jours après la chute. Je l’attends calmement, il le faut car l’attente sera fort longue, bien au delà de l’heure prévue, et avec un grand intérêt car j’espère savoir si les séances de mil-thérapie et tout ce que j’ai fait par ailleurs a porté ses fruits. Sur la nouvelle radio la zone de fracture est si sombre que je n’y vois pratiquement rien mais cela ne dérange pas le chirurgien qui déclare que ça consolide à toute allure. A la maison je vais regarder la radio à l’aide d’une loupe et effectivement, en comparant avec la première je constate une bonne densité de fibres orientées et structurées. Ce qui domine, à mes yeux non experts, c’est densité et structure. Devant ce bon résultat le chirurgien repousse au 5 mai le contrôle suivant qui avait été initialement prévu pour le 26 mars.

Il me montre aussi la pointe du trachenter qui s’est déplacée sous le choc. Elle n’a pas été replacée ni fixée mais le chirurgien me dit "on s’en fiche, s’est d’ailleurs en voie de consolidation" Je me demanderai plus tard si ce n’est pas cet os un peu baladeur qui était à l’origine de mes gênes locales favorisant la claudication. Il s’agit donc d’une fracture annexe pourrait-on dire.

La cicatrice : pas d’exposition au soleil pendant un an sinon elle va noircire. Puis il teste la souplesse de la cuisse en flexion et déplacement latéral. Tout lui paraît OK au niveau de son test. Je sais qu’il reste encore beaucoup de travail à faire malgré tout pour retrouver mes possibilités initiales. Il ne m’accordera pas de séances supplémentaires de kiné. Je dépense et me dépense beaucoup pour faire réaliser des économies à l’assurance maladie. Se prendre suffisamment en charge reste la première mesure pour limiter l’expansion de notre gouffre national...

Le chirurgien me demande si j’ai toujours des piqûres d’héparine. Je lui réponds qu’il me les avait prescrites pour 30 jours et que j’ai arrêté de ma propre initiative au bout de 21. Il me répond que j’aurais dû lui envoyer une lettre de décharge. Autrement dit il applique un protocole qui le protège. Je peux avoir des complications avec l’héparine, chute des plaquettes, ostéoporose, si cela arrivait il ne serait pas en faute. C’est l’inconvénient d’un excès de poursuites judiciaires : les médecins se protègent en appliquant les protocoles qui ne tiennent pas compte des grandes variétés individuelles. Il ajoute que je suis à risque de phlébite pendant 6 mois. Peut-être mais l’action anticoagulante de l’héparine apparaît et disparaît quasi instantanément et ce n’est pas 30 jours d’héparine qui vont me protéger pendant 6 mois. Même si j’avais poursuivi une semaine de plus son effet serait terminé aujourd’hui. J’ai peut-être pris un risque mais le pari est gagné même si je devais faire une phlébite demain. Je prends de l’hamamélis en teinture mère (climaxol), je dors sur le dos jambes relevées et avec tout ce que je fais comme exercices physiques (marche et pédalage) je mets plus de chances de mon côté qu’en restant docile, passif et bourré de médicaments. Il faut le reconnaître, la passivité accompagne toujours la docilité, tout particulièrement en matière de soins. Quand on cherche par soi-même on cesse d’être passif et on devient inévitablement moins docile. La médecine préfère les patients dociles et passifs mais ce sont eux qui permettent la ruine de l’assurance maladie en laissant tourner un système donc l’objectif évident a toujours été de nourrir les laboratoires avec des médicaments largement prescrits et remboursés ainsi que des vaccins obligatoires ou présentés comme tels ou très activement recommandés comme le fut le vaccin hépatite B et aujourd’hui le Gardasil à des prix exorbitants. Ces labos font notre orgueil national mais nous avons payé, payons et allons payer fort cher, et pas uniquement en argent, l’effet boomerang de ce processus.

Additif du 25 avril 2008

Je ne veux inciter personne à faire le même choix que moi mais n’ayant pas eu de phlébite je peux dire qu’a priori j’avais fait le bon choix, confirmé par ce communiqué de l’Afssaps en date du 23 avril 2008 :

« Des effets indésirables graves (notamment de nature allergique) ont été observés aux Etats-Unis et en Allemagne à la suite de l'administration intraveineuse d'héparine sodique, fabriquée à partir de matière première d'origine chinoise. Les analyses effectuées sur les lots ont montré la présence de chondroïtine persulfatée. Selon les informations disponibles, la responsabilité de la chondroïtine persulfatée dans la survenue des effets indésirables graves observés aux Etats-Unis et en Allemagne n'est cependant pas établie avec certitude à ce jour. Par mesure de précaution, l’Afssaps a fait procéder au retrait de deux lots d’héparine dont la matière première provenait d’un des fournisseurs chinois figurant dans l’alerte allemande.

Les HBPM sont également fabriquées à partir d'héparine sodique. En France, seules les HBPM fabriquées avec une matière première d’origine chinoise restent potentiellement concernées par une contamination par de la chondroïtine persulfatée. Il s’agit de l'enoxaparine (Lovenox) et la dalteparine (Fragmine). Les analyses

effectuées ont permis d’identifier à ce jour la présence de chondroïtine persulfatée dans certains lots d'enoxaparine.

Recommandations aux prescripteurs et aux pharmaciens

Dans le contexte général évoqué ci dessus et devant la tension sur l'approvisionnement des HBPM qui en résulte, l'Afssaps recommande aux professionnels de santé :

1. de limiter l'usage des HBPM à la voie sous cutanée, cette voie n'étant pas associée à la survenue des effets indésirables graves cités ci-dessus,

2. en cas de nécessité d'utilisation d'une HBPM par voie intraveineuse dans le cadre de l'AMM, dans le respect de la posologie et de la durée de traitement, de prévoir le remplacement de l'enoxaparine par une autre HBPM (Fraxiparine, Innohep ou Fragmine).

3. un usage mesuré des HBPM, conformément aux conditions d’utilisation et de durée de traitement prévues dans les autorisations de mise sur le marché. »

Pour ma part c’était bien sûr en sous cutané et c’était de l’Innohep.

Je demande au chirurgien pour quelles raisons il veut m’enlever la vis et la plaque THS en inox qu’il a installé dans mon fémur. Il m’en donne 3 : mon corps pourrait réagir en opposition à cette présence insolite ; une infection (bactérienne sans doute) pourrait se porter au contact de l’os et de l’inox ; en cas de choc important sur la zone, le métal pourrait casser l’os et là…mieux vaut ne pas y penser ! Mais pas avant un an pour procéder à cette contre-opération. Je vais donc devoir vivre avec une épée de Damoclès sur la tête au moins jusqu’en janvier 2009 ! C’est la mauvaise nouvelle mais je n’ai guère le choix que de m’organiser en conséquence.

Aussi je me renseigne sur les protecteurs de hanche, des coques que l’on dispose sur les hanches pour les protéger en cas de chute. Selon un fabricant elles sont « fabriquées en résine de nylon, très résistantes tout en gardant une certaine souplesse. Une garniture intérieure assure une fonction d'amortisseur en cas de chute mais aussi de confort ». Elles pourraient me permettre au début de faire du vélo plus tranquille, de bricoler sur les escabeaux et plus tard de les mettre en place pour faire les descentes de cols car je compte bien y retourner (c'était mon idée à l'époque mais maintenant, je ne les utilise plus). Ces coques sont remboursées pour les plus de 70 ans en maison de retraite bien que des études publiées ne montrent pas d’efficacité dans les centres d’accueil pour personnes âgées entre le groupe équipé et les témoins. Mais souvent ces personnes n’étaient pas porteuses des coques quand elles sont tombées, par exemple en se levant la nuit ou en faisant leur toilette. Il existe de multiples raisons pour que ces personnes n’utilisent pas en permanence la protection et l’objectif de ces études n’était pas de tester si les coques étaient efficaces en cas de chute mais si elles seront efficaces en usage réel et quotidien pour de telles personnes ayant souvent de l’ostéoporose, pouvant tomber dans de nombreuses circonstances alors qu’elles ne seront pas équipées en permanence.

Une bonne nouvelle pour compenser : je chirurgien dit que je peux conduire. Je commençais à m’en sentir capable et je vais le faire sur quelques kilomètres au retour de l’hôpital.

Une semaine de tests « utilitaires »

Puis je vais avoir une semaine de test en situations "utiles" et non plus avec des exercices gratuits et libres : garder pendant une semaine ma petite fille de 20 mois et surtout 12 kg, ce qui voudra dire la lever de son lit ou du sol, l’asseoir, jouer au sol puis se relever souvent, la porter sur plus de 200m au cours de promenades. Je ne compte plus les changements de positions. Je vais même descendre un escalier avec l’enfant dans les bras et la seule rampe pour appui et la soulever en l’air à bout de bras, ce qu’elle adore. C’est donc une très importante rupture avec la situation précédente où je choisissais les exercices, leur moment et leur durée. Aussi, pour m’économiser je reprends une béquille pour me déplacer, gardant mes possibilités pour l’indispensable.

Je continue cependant à faire 45 minutes de pédalage par jour pendant sa sieste, en évitant de forcer mais à cadence rapide (plus de 90). Je maintiens aussi les postures de la chandelle et de la charrue, ce qui amuse beaucoup ma petite fille qui développe ses dons d’imitation en s’allongeant sur le dos et en levant les jambes en l’air et s’amuse à faire des prosternations. Si elle lève volontiers les bras en l’air, c’est un peu en avant du corps, elle n’aime pas trop que je lui fasse faire au niveau de l’arrière de la tête.

Il m’est difficile de savoir si les gênes provoquées par ces efforts importants ou prolongés sont nocives ou pas. Pour progresser il faut certainement accepter certaines petites douleurs, tous les sportifs le savent. A partir de quand cela pourrait ralentir la guérison totale au lieu de l’accélérer, très difficile à dire pour moi.

Programme du prochain mois

Au cours de ce mois de février les progrès ont été importants. Si la marche sans m’appuyer est devenu possible, je vais maintenant me limiter aux déplacements utiles car elle ne me fait plus progresser. La marche est peu exigeante en force et en souplesse, c’est son avantage, mais cela définit aussi ses limites. L’étude établissant que le sport allongeait la vie de 10 ans excluait la marche et la pétanque pas suffisamment intenses.

En étirements, si la posture du diamant reste difficile elle est devenue possible. Je vais donc continuer à la travailler et l’accentuer en tentant plus tard d’asseoir le bassin au sol entre les pieds puis de basculer très progressivement le tronc vers l’arrière en appui sur les bras, c’est à dire d’aller vers la posture du diamant couché. Ces exercices vont énormément solliciter la cuisse charcutée qui est encore douloureuse à ce niveau d’exercice.

Note : en réalité je ne vais pas insister sur cet exercice car j’ai l’impression que c’est trop, du moins pour le troisième mois.

En pédalage je vais m’orienter vers l’allongement des séances, passer de 45 minute à 1 heure, en augmentant très progressivement la puissance instantanée tout en maintenant une cadence de pédalage élevée. Le critère essentiel pour mesurer les excès étant la capacité de réitérer chaque jour les exercices. Comme m’a dit le chirurgien, "si vous avez mal c’est que vous en avez trop fait, alors vous réduisez". On le sait seulement après, c’est tout le problème !

Je peux maintenant bander les muscles de la cuisse gauche dont le tour fait 3 cm de moins que la droite. Pour travailler cuisse et fessier je pense faire aussi des battements, allongé sur le sol, jambes soulevées à 60° par exemple, ça paraît devoir être efficace. Je ne cherche pas à mesurer les progrès par des critères de la vie quotidienne comme marcher normalement ou descendre les escaliers sans me soutenir ou porter un objet mais par des critères plus mesurables. Je pourrais tout à fait envisager la reprise du vélo sur la route. Je l’envisage avec mon VTT au cadre moins haut, aux roues plus larges et en enlevant les cale-pieds pour poser rapidement le pied au sol. C’est ainsi que je débuterai mais rien ne presse. A quoi bon prendre des risques pour aller pédaler comme un facteur alors que je peux faire des efforts parfaitement contrôlés avec mon vélo sur cylindre ? En principe j’attends fin mars pour une plus grande consolidation et une meilleure sécurité des gestes.

Quant au kazatchok, la fameuse danse des cosaques, ça attendra une autre vie ….Le jour de la sortie de l’hôpital le chirurgien m’avait dit que j’avais droit à tout, même aux escaliers. J’ai oublié de lui demander si j’avais droit au kazatchok !!!

Annexe

Sur l’importance cachée de la souplesse du rachis

Un rachis souple permet des mouvements fluides, bien coordonnés et évite beaucoup de gênes et de douleurs. Cette souplesse a aussi un effet subtil et caché très important : la zone du bassin est un lieu d’accumulation d’une énergie alimentant généralement la sexualité. Si cette énergie stagne trop longtemps elle générera des problèmes qui peuvent être très graves comme on le constate avec certains prêtres. En cas d’abstinence sexuelle contrainte ou choisie et si la libido (l’énergie) est assez forte, il sera indispensable de ne pas laisser cette énergie stagner et pour cela d’essayer de la faire circuler. Des techniques le permettant sont connues depuis des millénaires dans diverses traditions dont le yoga. Le premier principe fondamental est d’entretenir la souplesse du rachis. Les anciens yogis réalisaient cela par la seule posture du lotus (ou apparentée), assis sur de la paille recouverte d’une peau de chèvre. A cela ils ajoutaient des exercices respiratoires. Ils n’utilisaient pas les très nombreux exercices de yoga qui ont été inventés beaucoup plus tard.

C’est certainement ce qui manque aux prêtres de la religion catholique pour accroître leurs chances de mieux gérer leur sexualité. Je me refuse de taxer a priori ces prêtres de perversité : quand l’énergie stagne trop longtemps au niveau du bassin elle engendrera inexorablement un désir sexuel qui pourra surgir de façon totalement imprévisible avec une intensité pouvant le rendre difficilement contrôlable quand, pour une raison ou une autre, une intense répression sexuelle est imposée au corps. J’ai entendu un prêtre reconnaître à la télé que c’était irrésistible. Pourtant nombre de ces prêtres, sinon tous, voulaient en toute sincérité, à l’origine de leur sacerdoce, apporter les meilleurs bienfaits à ces enfants dont ils s’occupaient. L’abstinence sexuelle ne s’improvise pas dès lors que la libido est assez forte. Avant d’être une question de morale c’est d’abord une question de technique que la religion catholique n’enseigne pas à ses prêtres tout en exigeant d’eux la chasteté. On voit le triste résultat. J’ai entendu un ecclésiastique habitué des plateaux télés reconnaître qu’au séminaire on ne leur avait jamais parlé de ces questions. A chacun de se débrouiller avec son corps dans l’ignorance totale de celui-ci ! Quand on compare aux yogis qui travaillent durement 24 heures sur 24 pour tenter de maîtriser leurs corps…

Et pourquoi ne réserver cet étirement du rachis qu’à ceux qui feraient vœux d’abstinence ? Notre société n’a que désintérêt voire mépris pour promouvoir de tels exercices dans la population. Elle en récolte le fruit sous forme de souffrances multiples et variées dont certaines coûtent fort cher à la sécurité sociale mais pas uniquement. Faudra-t-il attendre que les islamistes prennent le pouvoir pour que de tels exercices capables d’assouplir le rachis comme les prosternations (diamant en feuille pliée en yoga) nous soient imposés pour raisons religieuses ? Les femmes de ménage par exemple ainsi que tous ceux qui sont amenés à se baisser et soulever des charges comme les ouvriers du bâtiment auraient tout intérêt à préparer leur corps par quelques étirements avant de commencer. Tout le monde y gagnerait, les individus, les entreprises et la sécurité sociale. Il faudrait une campagne nationale avec spots télé, affiches etc. Les personnes qui chargent et déchargent des camions frigorifiques sont particulièrement vulnérables en raison du froid. Même à la maison, ne jamais déplacer un meuble ou le frigo sans préparer son dos pendant au moins une minute. Le matin, faire comme les chats, d’abord s’étirer ! Ce n’est pas du temps perdu.

En fait, le but ultime du yoga serait d’être capable de faire monter le long de la colonne jusqu’au crâne l’énergie qu’on laisse stagnante au niveau du bassin, ce qu’on appelle la montée de la kundalini. Pour cela le yogi ferme toutes les autres portes de sortie de cette énergie : la sexualité, le cœur et même le mouvement en repliant les jambes sous le bassin. Plutôt que de viser le crâne on pourrait chercher à alimenter le cœur avec cette énergie. Si nous y parvenions nous disposerions alors d’une énergie considérable pour 2 gammes d’utilisation : la région du cœur est en effet traditionnellement celle de l’amour et le cœur est directement l’organe de la motricité. La première est reprise par la voie chrétienne du don de soi et la seconde est celle de l’action. Les yogis ne sont pas spécialement actifs et il faut bien reconnaître que tant que l’objectif ultime n’est pas atteint, le yogi peut apparaître comme un être très égocentrique uniquement centré sur son travail sur lui-même, ce qui n’est pas toujours bien perçu dans nos pays de tradition chrétienne. Que penserait l’abbé Pierre d’un yogi assis des heures entières à pratiquer des exercices respiratoire dans l’attente de connaître un état supérieur de conscience alors qu’autour de lui des êtres souffriraient de la faim ?

La voie sexuelle existe cependant en yoga avec le tantrisme qui est l’objet de beaucoup de déviances comme on peut s’en douter. En fait, après avoir ouvert le chemin de la montée de l’énergie le long de la colonne, des yogis ont voulu savoir si cette circulation d’énergie était compatible avec l’activité sexuelle et certains sont parvenus à associer les deux, mais il s’agissait de maîtres. Par contre si on inverse la succession des étapes et qu’on cherche à atteindre le niveau ultime du yoga par la voie sexuelle alors qu’on en est encore très loin, on a à peu près aucune chance de réussite. L’Inde a connu cette phase à grande échelle quand les monastères bouddhistes étaient devenus mixtes et furent contraints d’incorporer des nurseries…Devant ce constat, la décision fut prise de demander à ces moines de quitter l’Inde et c’est ainsi que le pays qui avait vu la naissance du Bouddha cessa d’être un pays bouddhiste…Après avoir ainsi disparu au Xe siècle le bouddhisme renaît aujourd’hui, en particulier par l’immigration de moines tibétains. 80% de la population pratique l’hindouisme, 13,7% l’islam pour seulement 7 millions de bouddhistes dans un pays de plus d’un milliard d’habitants.

On pédale avec son cœur

Reste la voie de l’action qui peut se manifester d’abord par la motricité et c’est là où l’on rejoint le vélo : on pédale d’abord avec son cœur et non avec ses jambes, tous les cardiaques le diront. La posture assise sur un vélo a des points communs avec la posture assise du yoga en ce sens que le haut du corps est pratiquement immobile et ne connaît aucun déplacement latéral ni aucune agitation désordonnée. Le cycliste doit rester bien dans l’axe sur son engin et n’a que fort peu de latitude sur la route sous peine de très rudes sanctions. La pratique du vélo exige donc une sévère discipline de maintien qu’on ne retrouve pas en football par exemple. Si on parvient tout en pédalant à alimenter le cœur et les quadriceps par l’énergie habituellement stagnante du bassin, on disposera alors d’une formidable ressource d’énergie, celle que l’on dissipe le plus souvent dans l’activité sexuelle ou qui ronge la personne qui en est privée et parfois la conduit en prison. La voie du cœur et de l’action est certainement moins risquée que de tout sacrifier pour tenter une très improbable montée de la kundalini, même si cela a pu être réalisé par certains. Cherchons à progresser mais ne brûlons pas les étapes.

Sur le site Cyclisme Ultra on peut trouver des pratiques d'efforts très prolongés qui vont dans le même sens.

Pégase, le cheval ailé

Dans nos sociétés nous voyons que la focalisation exclusivement sexuelle de cette énergie est de plus en plus gravement problématique. La seule véritable solution au problème serait de la faire circuler dans notre corps pour qu’elle puisse alimenter d’autres organes. L’énergie sexuelle n’existe pas. Elle est comme l’énergie contenue dans des piles qui peuvent nous éclairer, animer un lapin mécanique ou nous permettre d’entendre de la musique selon l’objet qu’elles alimentent. Notre libido pourrait de même nourrir différents organes comme notre cœur. C’est ce que pourrait exprimer le symbole de Pégase, le cheval ailé, qui gambade avec une grande aisance exprimée par des ailes sous les pattes avant. On retrouve un symbole analogue dans l’Egypte Antique avec Isis la femme ailée représentée avec des ailes sous les bras. Ces symboles pourraient exprimer que si l’énergie parvient à monter jusqu’au cœur et aux poumons alors nous aurons des ailes pour courir et pour agir. Magnifique programme qui reste à accomplir !

Extraits d’un site :

« C'est dans l'Illiade d'Homère que l'on entend parler de Pégase pour la première fois. Les auteurs latins reprendront le mythe bien plus tard. L'interprétation du mythe de Pégase est très différente d'un auteur à l'autre. Pégase symbolise la légèreté, la rapidité et l'ascension vers le sacré. Le mot viendrait du grec pegos, qui signifie blanc, fort et solide. La symbolique de Pégase est complexe. D'une part, il peut être soumis à l'homme comme une simple monture, et d'autre part, il a le pouvoir de la connaissance. Pégase est né du sang de la tête de Méduse, qui est le centre de l'intelligence. De plus, il a une valeur de symbole sexuel : c'est un étalon bien que ses attributs ne soient pas toujours visibles...

En Chine, on retrouve les traces de notre cheval céleste dans la dynastie des Han (2ème siècle avant JC). Dans la religion islamique, on retrouve Pégase sous le nom d'Al Burak, qui serait un animal extrêmement rapide, capable de transporter Mahomet de La Mecque jusqu'à Jérusalem en une nuit. Les Indiens Navajos connaissent le chant magique qui attire sur eux la protection d'un cheval céleste, et les Iraniens considèrent Pégase comme une des transformations du dieu Verethagna. »

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