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Mon premier 7000 en vélo
9 juillet 2007

Les trois secrets du vélo

Aucun sport autre que le cyclisme propose des compétitions aussi longues et répétées, les coureurs enchaînant les classiques d’un jour, Paris Nice et les différents Tours, qu’ils fassent 20 ou 4 jours. Comparé aux autres sports le nombre de jours et d’heures de compétition d’un coureur cycliste est absolument énorme. Et ceux qu’on nomme pudiquement les cyclotouristes font aussi des épreuves de très longues durées comme Paris Brest Paris, plus de 1200 kilomètres en continu de jour comme de nuit. Comment cela est-il possible ? Ces cyclistes seraient-ils des surhommes ? Non ! Mais le vélo est un engin extraordinaire qui décuple le potentiel physique de celui qui a appris à l’utiliser, pourvu qu’il soit non seulement léger mais aussi avec de très bons roulements ce qui est beaucoup plus important, détail que le néophyte oublie trop souvent.

Assis sur son vélo, qui doit être à sa taille, le cycliste a trois appuis qui vont correspondre aux trois secrets que je vais tenter de décrypter pour ceux qui n’en auraient pas encore pris conscience.

Premier secret : on est assis !

Cela n’a l’air de rien mais c’est absolument fondamental : contrairement au coureur à pied, au marcheur, au footballeur ou au basketteur le cycliste est assis, ce qui entraîne une économie considérable d’énergie. Chacun en fait l’expérience tous les jours quand il souhaite pouvoir s’asseoir pour se reposer. Pour se déplacer il faudra alors se lever et quand on est fatigué on hésite…Observez les vieillards assis dans leur fauteuil et qui demandent qu’on leur apporte à boire pour ne pas avoir à se lever. Avec un cardio l’expérience est facile à faire en observant les variations de la fréquence cardiaque entre la position assise et debout.

Toute cette énergie ainsi économisée va pouvoir être disponible pour un usage dynamique. C’est le premier secret. La posture assise existe aussi en aviron mais là l’effort est au contraire très bref, quelques minutes en compétition, car il s’exerce avec les bras. Le nageur paraît encore plus favorisé que le cycliste : il est couché sur l'eau ! Mais comme en aviron il utilise beaucoup les bras, sans parler des déperditions de chaleur dans l’eau.

Il y a assis et assis ! Sur une selle de vélo il y a les 2 positions extrêmes, assis en cul de poule, le bassin basculé en arrière (lordose) ou basculé en avant ce qui relève les cuisses. Au 100 mètres les coureurs à pied doivent d’abord pousser à fond sur leurs jambes pour ensuite, une fois en pleine vitesse, ramener le bassin vers l’avant pour lancer leurs jambes en avant comme chacun peut le voir en regardant un 100 m à la télé. Quand Lance Armstrong se mettait parfois debout sur les pédales, dans les cols, il adoptait cette position : le corps restant droit il lançait les genoux vers l’avant. A l’inverse Richard Virenque par exemple avait un mouvement latéral de grande amplitude ce qui entraîne une déperdition importante d’énergie motrice.

Second secret : la jambe est libre !

Non seulement les jambes n’ont pas à porter le poids du corps mais l’appui du pied sur la pédale avec la jambe toujours au moins en légère flexion font que celle-ci est libre dans son mouvement de rotation. Cela permet d’utiliser en partie le poids de la jambe pour peser sur la pédale et c’est ce que plus ou moins consciemment les cyclistes apprennent à faire en moulinant sur un petit développement au lieu d’arracher en force de grands braquets comme font souvent les néophytes.

Au lieu d’appuyer pendant près d’un demi tour de pédale, le cycliste apprend à relâcher un très bref instant la tension sur sa jambe et à laisser une partie du poids de celle-ci sur la pédale. Ainsi le cycliste se propulse par l’action de la pesanteur ! Même dans les cols ! C’est le secret des petits développements. Pour réussir cela il faut que les jambes tournent assez vite, ce qui demande de l’entraînement.

C’est ce que faisait Lance Armstrong qui tournait à 120 tours minute dans les cols et pouvait bénéficier d’une action plus importante de la pesanteur pour monter. Encore faut-il pouvoir tenir un tel rythme de pédalage, ce qui demande aussi un effort cardiaque important.

Une poussée trop puissante sur les pédales interdit pratiquement de pouvoir relâcher cette pression et de profiter de la pesanteur. C’est ce qui se produit au démarrage. Pédaler en puissance ou en rotation ? Telle est la question que Lance Armstrong avait relancé. Il se dopait, il n’y a pas à en douter, mais peut-on objectivement réduire ce coureur au seul dopage ?

Troisième secret : l’appui main libère la respiration

A part les jambes qui tournent, le reste du corps du cycliste est pratiquement immobile à l’inverse du nageur et du rameur qui, allongé ou assis, font de puissants et rapides mouvements avec les bras, ce qui gêne considérablement la respiration. Que fait spontanément l’asthmatique quand il est en crise ? Il s’appuie sur une table avec une légère flexion avant du buste, un peu comme le cycliste sur son guidon. Ainsi il atténue le poids des épaules sur la cage thoracique et facilite l’amplitude de la respiration et ce dans les 3 axes qui correspondent aux 3 respirations de base : basse, moyenne et haute, c’est à dire abdominale, thoracique et sommitale.

On ne mesure pas à quel point le poids du buste sur l’abdomen et celui des épaules sur les poumons gênent les mouvements respiratoires. Or si l’énergie dont nous avons besoin vient pour une part de la nourriture, l’autre vient de l’air que nous respirons. Les cyclistes ont inventé le guidon courbe. Pourquoi ? Avec les mains aux cocotes de frein les paumes sont verticales et non horizontales. Ce détail apparent a en réalité beaucoup d’importance.

Chacun peut en prendre facilement conscience en faisant la petite expérience suivante : placer les 2 bras en avant, les mains posées sur une table, les paumes vers le bas, puis les faire pivoter pour les placer verticales puis revenir à l’horizontale; essayer de ressentir la libération ou au contraire le verrouillage respiratoire au niveau des clavicules et des sommets pulmonaires. C’est encore plus net sur le vélo si on rapproche les mains vers le centre du guidon. C’est si important que sur les VTT au guidon droit pour raison de pilotage en terrain difficile on a la possibilité d’ajouter des poignées dites cornes de vache. Elles permettent d’avoir les poings en position verticale et donc d’effectuer une rotation ouvrante au niveau des clavicules.

Le rameur qui doit tirer de toutes ses forces sur la rame ne tient que quelques minutes dans les compétitions d’aviron. Les images télé ne trompent pas, bien que très entraînés ils terminent épuisés car ils sont très vite en respiration anaérobie alors que le cycliste est pratiquement toujours en aérobie. Certes, d’autres rameurs traversent l’Atlantique ou même le Pacifique à la rame mais ce n’est pas la même cadence. La nage papillon qui sollicite beaucoup les bras n’est pratiquée en compétition que sur de courtes distances. Pour le crawl, réussir à combiner le mouvement des bras avec la respiration est la difficulté de tous les débutants, y compris de Laurent Jalabert qui s’est mis avec succès au triathlon en se classant récemment 21ième du triathlon de Zurich (3,6 km de natation, 180 de vélo et un marathon pour finir). Il a commencé à apprendre le crawl en novembre 2006 pour réussir cette belle performance en juin 2007 ! A la sortie du lac il était 930ième ! Mais après une heure de vélo il avait doublé 722 concurrents !

La posture sur un vélo est unique, exceptionnelle, et c’est elle qui, bien maîtrisée, permet à des hommes et des femmes ordinaires de réussir des performances d’endurance qui laissent pantois ceux qui ignorent tout du vélo et de ses secrets. Ces postures ont un tel pouvoir d’économie et de régénération sur l’organisme humain qu’elles ont engendré une débauche d’épreuves aussi invraisemblables comme Paris Brest Paris sans étape ou les diagonales de la fédération de cyclotourisme comme Brest Menton ou Hendaye Strasbourg à faire dans le minimum de temps en roulant la nuit comme le jour…Et ceux qui s’y lancent sont souvent des gens très ordinaires…

Compléments : les positions du cyclistes vues par la clinique du dos

La position sur un vélo

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Commentaires
B
Oui, c'est bien ce que j'ai voulu laisser entendre en écrivant:<br /> <br /> "Encore faut-il pouvoir tenir un tel rythme de pédalage, ce qui demande aussi un effort cardiaque important."<br /> <br /> Mais je n'ai pas voulu expliciter davantage car ce n'est peut-être pas indispensable pour y parvenir.<br /> <br /> Merci pour le commentaire et meilleurs voeux !
C
brabi pour ce billet<br /> mais excuser moi dire que le secret de lance c est de bien tourner les jambes, si cela est en partie vrai<br /> je crois que c est a 90 pc par l epo<br /> amitiés<br /> claude
Mon premier 7000 en vélo
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