En voiture avec une fracture du col du fémur
Fracture du Col du Fémur : Voir le récapitulatif des articles et de leurs sommaires
Une semaine après l’opération je dois aller chez un kiné comme prescrit par le chirurgien qui m’a donc aussi prescrit, chemin faisant, de monter et descendre d’une voiture, ce qui ne me paraît pas évident du tout a priori. Mais je vais découvrir d’autres problèmes et tout particulièrement l’action fort désagréable de la force centrifuge dans les virages, surtout les ronds-points. Voici le fruit de mon expérience et mes tentatives pour y remédier avec les moyens du bord.
En voiture avec la force centrifuge
Assis trop bas et trop en arrière
Compenser les carences de la médecine
Amis cyclistes attention, je
ne suis pas le dernier !
En voiture avec la force centrifuge
C’est donc juste 8 jours après l’opération qu’une
nouvelle expérience commence : monter dans une voiture, faire quelques
kilomètres et en descendre. J’appréhende à juste titre cette expérience. Je
monte à l’arrière car le siège est plus haut par rapport au sol (je ne parle
pas du plancher de la voiture) et je vais pouvoir procéder comme avec le lit :
une fois assis, les pieds encore au sol, je peux me hisser loin sur la
banquette, avant de pivoter, le siège avant ayant été poussé pour dégager la
place. J’utilise efficacement la poignée au dessus de la portière et bien
entendu j’avais rajouté des coussins pour rehausser le siège. Une fois la
ceinture de sécurité en place je pensais en avoir fini jusqu’à l’arrivée car je
n’avais rien senti dans l’ambulance pendant mon voyage de retour, mais j’étais
allongé.
Je découvre alors les effets des forces centrifuge et centripète dans les virages et ce n’est pas agréable ! En effet il y a un petit détail auquel le bien portant ne prête aucune attention : dans les virages chacun pourra observer que les genoux se déplacent de gauche à droite et de droite à gauche, entraînant des mouvements oscillants du fémur et des douleurs fort pénibles quand il est blessé. Les ronds-points sont les plus désagréables malgré la vitesse réduite mais on sait bien que plus le rayon de courbure est petit et plus la force centrifuge sera importante. Je tente alors de réduire ces déplacements en bloquant mon corps avec la poignée au dessus de la portière et l’appui séparateur central, poussant ou tirant sur ce dernier selon le sens de rotation du virage. C’est une amélioration mais je dois faire des efforts importants et synchronisés avec la route.
Une autre fois je placerai un coussin replié derrière la jambe, sous le genou, afin de donner un appui à ma jambe gauche pour résister aux forces qui s’exerce sur ce genou flottant qui se fait ballotter au gré des virages. Une semaine plus tard j’ajouterai une autre mesure très efficace : je vais remplacer l’appui sur le séparateur central par une béquille appuyée dans l’angle de la portière opposée (par exemple) ; ainsi en poussant fort sur la béquille avec mon bras gauche, en tirant sur la poignée au dessus de la portière avec ma main droite et en maintenant fermement la jambe gauche contre la banquette grâce au coussin qui fait tampon, je parviens à maintenir la hanche à peu près immobile dans les virages. Avec les longs déplacements pour profiter des bienfaits de la mil-thérapie je fais plus de 100 km par jour pendant 5 jours consécutifs et cela m’oblige et m’aide à trouver des solutions.
Assis trop bas et trop en arrière
Mais je vais constater aussi un autre problème : même à l’arrêt je souffre en voiture. Je l’ai constaté en restant longtemps assis pendant que ma femme achetait des produits à la pharmacie. J’ai préféré sortir du véhicule et attendre debout, appuyé à la portière. J’essaie d’en comprendre la raison car je ne souffre pas ainsi à la maison. La raison est que je suis assis trop bas et en arrière malgré les coussins, ce qui relève la cuisse. Ainsi l’angle formé par le bassin et la cuisse est un angle aigu alors qu’il faudrait qu’il soit au moins droit sinon obtus. Quand je comprends cela, 2 semaines après l’opération, une semaine après mes premiers voyages en voiture, j’essaie de disposer des coussins et des serviettes pour relever l’arrière du siège et créer une assise au moins horizontale. Ce sont ces expériences pénibles qui vont me faire découvrir ces 2 règles fondamentales en pareil cas :
1. une assise au moins horizontale, ou mieux, légèrement
inclinée vers l’avant ;
2. une assise au moins à la hauteur du genou.
Ainsi l’angle formé par la cuisse et le bassin sera
au moins droit, de préférence légèrement obtus. Je
constate d’ailleurs que dans mon fauteuil de vieillard rehaussé par des
coussins cet angle est bien obtus avec la cuisse orientée vers le bas et non
vers le haut comme dans les sièges de voitures et beaucoup de fauteuils, y
compris celui de l’hôtel de La Fracture. Ainsi je ne souffre pas.
Compenser les carences de la médecine
Bien entendu je n’avais nullement été informé de ces
problèmes et des solutions à leur apporter. Ce n’est pourtant pas si compliqué
au niveau des principes. La médecine laisse chacun découvrir les problèmes. Si
vous souffrez, prenez des anti-douleurs, ils sont remboursés et j’en ai
plusieurs boites qui retourneront à la pharmacie ! Si vous en voulez,
donnez-moi votre adresse et les frais de port ! C’est plus simple de
prendre 4 gélules par jour de produits nocifs fabriqués par Sanofi Aventis,
l’un des plus beaux fleurons de notre industrie, que de chercher à comprendre
notre dynamique humaine et d’apporter des solutions de petit bricoleur avec des
serviettes et des coussins !!!
Il ne serait
ni difficile ni coûteux de réaliser au niveau national un petit feuillet à
destination des fracturés du col et qui serait remis par l’hôpital avec de telles indications. La médecine ne
le fait pas et ne le fera pas, inutile d’attendre, de réclamer et de
s’indigner, faisons-le ! Les carences de la médecine sont autant
d’opportunités pour davantage prendre en main notre santé que nous aurions
grand tort d’abandonner totalement au système de santé. Les extraordinaires
moteurs de recherche du web se chargeront de faire connaître les informations
utiles à ceux qui les chercheront, compensant certaines carences organisées de
notre médecine. C’est pourquoi j’écris ces textes qui n’intéresseront peut-être
pas les bien portants mais rendront service un jour à quelques uns.
Amis cyclistes attention, je ne suis pas le dernier !
En juin 2007 j’avais ouvert ce blog vélo orienté vers les cols et leur ascension. Les événements me contraignent de l’orienter vers le col du fémur ! Je ne suis pas le premier cycliste, ni sans doute le dernier, à qui cette mésaventure arrive et tous les passionnés de vélo qui viendraient sur ce blog pour y lire ces lignes doivent savoir que cela pourrait aussi leur arriver.
En effet
vous savez sans doute tous que le brillant et sympathique coureur de la Cofidis
David Moncoutié s’est cassé le col du fémur en course, dans le Tour de Romandie
le 5 mai 2007 , en glissant sur une route mouillée alors qu’il était en
tête de la course. Un an auparavant, en juin 2006, c’était Frédéric Turpin qui
se cassait le col dans le Dauphiné après avoir remporté l’étape de la veille.
Sur le blog de David Moncoutié, dans
son livre d’or, d’autres cyclos plus anonymes témoignent avoir vécu le même
accident. J’y ai ajouté le mien ainsi que ma sympathie pour David. Et un autre,
après une chute de VTT, et un autre encore en VéloLib’ en raison d’une portière
s’ouvrant devant lui inopinément…Aussi solides que soient nos os ce ne
sera pas toujours suffisant. Les miens sont solides mais le choc fut violent
avec ce dérapage latéral sur le verglas qui projette brutalement au sol par
perte total des appuis sur la route alors que je ne roulais pas vite. Et même
sans verglas il y a les gravillons dans un virage, les descentes mouillées, les
bouses de vaches comme par exemple dans la descente du Tourmalet, après La
Mongie, sous les passages couverts où les vaches s’abritent.
Je pense
que je serai de nouveau capable de monter des cols en juillet 2009 mais je ne
sais pas si je pourrais les descendre ! Du moins en allant plus vite qu’à
la montée !!! J’avais intitulé ce blog "Mon premier 7000 en
vélo" en anticipant un peu sur ce que je me sentais tout à fait capable de
faire, ayant fait 6500 mètres dans la journée en 2006 et alors que j’étais
devenu encore plus endurant. Je n’ai pu
y parvenir en juillet 2007 en raison du mauvais temps qui m’avait laissé un
créneau trop court mais je projetais 7500 mètres pour juillet 2008. Il est fort
probable que je ne le fasse jamais mais qu’importe, ce n’est pas l’essentiel,
ce n’est plus l’essentiel ! Et la très longue et difficile remonté du col
du Fémur vaut bien un 7000 ! Si en 2009 je parviens à faire 4000 mètres en
montagne dans la journée ce sera déjà très bien et je serais heureux.
C’est la
pratique importante du vélo qui m’a conduit à cet accident mais c’est aussi
cette pratique qui a forgé la volonté de remonter la pente une nouvelle fois
après l’avoir brutalement descendue. À l’inverse du skieur le cycliste descend
pour pouvoir remonter ! Cette fois-ci je suis descendu bien bas, un peu
trop bas ! C’est aussi cette pratique cycliste qui m’a donné des os
solides : la pression constante du quadriceps pendant les longues et dures
montées entretient cette solidité. Si on reste assis pour ne pas prendre de
risque les os vont se fragiliser et à 90 ans le col va casser tout seul en
marchant à pas comptés dans la cuisine. Autant mourir au combat !
Il n’y a
pas que les cycliste, il y a eu aussi le roi des Belges et Jean-Paul Belmondo qui
était un adepte modéré du vélo.
À suivre…